Interview de Céline Bagnaud

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser à la médecine chinoise et notamment à l’acupuncture ?

Depuis le début de mes études, je suis curieuse de connaître comment d’autres civilisations que la nôtre ont abordé la question de la prise en charge médicale des patients. J’ai été naturellement attirée par la pensée orientale qui propose une approche différente de notre médecine occidentale. Il s’agit d’une médecine holistique qui appréhende le patient dans sa globalité et qui permet d’avoir un regard d’ensemble sur le malade : Qui est-il ? Quel est son mode de fonctionnement ? Quelles sont ses émotions ? Quelles sont les pathologies dont il souffre de façon récurrente ?….

Cela permet ainsi de faire le lien entre différents symptômes parfois complexes et à priori sans rapport les uns avec les autres, et de proposer une conduite thérapeutique unique. Il m’a paru évident qu’en associant cette médecine ancestrale à la médecine occidentale devenue si performante et si technique, nous pourrions proposer une vraie réponse pour certaines pathologies « compliquées » ou pour des patients se sentant parfois incompris et sans réponse.
S’intéresser à la médecine chinoise, c’est aussi s’ouvrir à un courant de pensée, à une philosophie de la vie différente de la nôtre, basée sur la pensée taoïste. C’est une aventure passionnante que d’essayer d’approcher cette sagesse et l’affaire de toute une vie probablement !!!

Vous allez au bout de vos interrogations sur le sujet et, en parallèle de votre vie personnelle et professionnelle, vous décidez de consacrer trois ans à la formation pour cette discipline. Comment avez- vous fait pour réaliser tout cela ? Quels ont été vos critères de choix en matière de formation ?

Lorsqu’on est enthousiasmé par un sujet, on trouve toujours le temps pour en apprendre un peu plus et essayer de progresser. Il a juste fallu un peu d’organisation dans la gestion du planning professionnel et familial ! J’ai donc réalisé mes stages et mes cours à la faculté de Médecine pendant 3 ans sur une partie de mes Week-end et de mes vacances. Mon maître de stage a été le Dr Alain SCHMIDT qui exerçait dans son cabinet médical à Joze. Il est pour moi une des grandes références en acupuncture au niveau régional mais aussi national. Il m’a transmis sa passion et a eu la patience de m’expliquer et de me montrer sa pratique.

J’ai choisi de réaliser ma formation théorique à la faculté de Médecine car je souhaitais pouvoir bénéficier des meilleurs professeurs. Je suis aussi très attachée à ce que mes diplômes soient reconnus par le Conseil de l’Ordre des médecins. J’ai ainsi obtenu un DIU (Diplôme Inter Universitaire ) intitulé « Initiation à l’acupuncture » à la faculté de Médecine de Paris-Bobigny, puis une Capacité en « Acupuncture » à la faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes.

En 2018, vous faîtes le choix de franchir le pas et de vous installer à Clermont-Ferrand. Sentez-vous qu’il y a une demande latente ?

Je pense en effet qu’un nombre important de patients souhaitent être pris en charge de façon différente, de façon plus globale et avec, si possible, des soins les moins invasifs possibles et des effets secondaires discrets voire inexistants. La médecine chinoise répond bien à cette attente.

Certains médecins, généralistes ou spécialistes, sont aussi demandeurs d’une aide, d’un appui ou d’un soutien dans la prise en charge de certaines pathologies pour laquelle la médecine occidentale ne réussit pas toujours ou de façon incomplète. J’apprécie beaucoup de travailler comme cela en coopération, en association avec mes confrères dans le meilleur intérêt de nos patients.

Vous avez vous-même pensé à l’aménagement de votre cabinet. Comment l’avez-vous imaginé ?

J’ai souhaité accueillir mes patients dans un espace lumineux, spacieux, et calme afin qu’ils puissent se sentir à l’aise et se poser un peu le temps d’une consultation. Ils peuvent lire, en patientant, des livres de citations à « méditer » ou des petits poèmes écrits sur du papier de soie et composés par une artiste prénommée « Plum’ » qui compte beaucoup pour moi. Elle réalise aussi des peintures abstraites à l’huile sur le thème de mots cachés à retrouver dans les tableaux. Certains d’entre eux décorent ainsi les murs de mes bureaux de consultation. Je dispose en effet de deux bureaux dans lesquels je reçois et examine mes patients. J’ai apporté une grande attention à la décoration et au confort afin que chacun puisse se sentir en harmonie et en confiance.
Je propose aussi l’écoute de musiques pendant le temps de pose des aiguilles que je choisis en fonction des goûts du patient mais aussi de la pathologie du patient. Pourquoi ne pas bénéficier des effets thérapeutiques de la musique aussi ?

J’ai réalisé mon mémoire de fin d’études sur ce sujet et ai été très étonnée de découvrir que les sages chinois se sont intéressés aux pouvoirs « soignants » de la musique depuis des millénaires.

Quelles pathologies peuvent être traitées en acupuncture ? Peut-on considérer cette médecine comme une médecine de prévention ?

Les indications de l’acupuncture sont extrêmement nombreuses. Il est impossible de vous donner une liste exhaustive.
Néanmoins, je peux vous donner quelques exemples dont certains sont assez connus du public maintenant :

• aide à la gestion du stress, des angoisses et des troubles du sommeil
• aide à l’arrêt du tabac
• les douleurs aigues ou chroniques (lumbago, lombalgies avec sciatique, cervicalgies, névralgies, tendinites, fibromyalgie, migraines…)
• accompagnement des patients pris en charge en cancérologie (diminution des effets secondaires des chimiothérapies ou de la radiothérapie, fatigue…)
• Pathologies bénignes de la grossesse ( nausées, vomissements, troubles du sommeil, hypersudation…)
• Allergies respiratoires
• Problèmes ORL (sinusites chroniques, acouphènes..)…

L’acupuncture est aussi et bien entendu, une médecine préventive. Elle entre dans le champ de la médecine chinoise plus globalement dont la devise pourrait reposer sur cette phrase extraite du plus ancien ouvrage de Médecine Traditionnelle Chinoise le Huangdi Nei Jing :

« Le sage n’attend pas que les hommes soient malades pour les soigner, il les guide quand ils sont en bonne santé »

Cela passe par des conseils diététiques et d’hygiène de vie selon les traditions chinoises mais aussi par des consultations préventives réalisées 2 fois par an aux intersaisons d’Automne et du Printemps.